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L'Art de la Seconde Main



L'Art de la Seconde Main


Quand j'ai arrêté d'être une fashion victime.


Ma consommation de vêtements a longtemps été irraisonnée & déraisonnable. J’achetais des vêtements sans parfois même les mettre, parfois simplement pour satisfaire mes pulsions frénétiques de consommatrice acharnée. Aussi inutile que polluante, cette habitude devait cesser.


L’écologie pour moi, c’est comme plein de petites graines que l’on sème dans la tête des gens et à force de les arroser, parfois ils les voient et prennent conscience de la petite graine alors devenue plante et ça leur parait évident. Simple même.


 © Rebecca Flattley Art, "The Garden"


La petite graine de la mode responsable avait donc bien grandi dans ma caboche et pour que cette plante donne une fleur* il fallait que je passe à l’action.

Il y a quelques mois de cela, alors en Erasmus en Italie, j’ai décidé d’arrêter de m’habiller en fast fashion ou tout autre marque irresponsable.


Oui mais ! Forcément, consommer mieux exige en général de payer davantage. Pas évident quand votre désir de vêtements paraît être sans fin mais que votre budget l’est moins et que votre perception de la mode éthique se résume à l’image d’un t-shirt blanchâtre & informe en chanvre.


La petite graine étant devenue plante la solution m’a paru évidente : la seconde main ! Affectionnant depuis quelques années déjà les friperies et le chinage d’objets d’occasion en tout genre, ayant été initiée par ma Maman à cet art, cette solution était pour moi la plus facile et la plus naturelle. En outre, l’Italie regorgeait de friperies et marché de seconde main, je n’avais qu’à descendre en bas de ma rue pour trouver mon bonheur.


Lady Bird en plein thrift shopping avec sa maman. Lady Bird, Greta Gerwig, 2017.


Comme moi, de nombreux Français se sont convertis à la seconde main (3 Français sur 10 déclarent avoir acheter au mojns un vêtement d’occasion en 2018(1)), par motivation budgétaire ou écologique. En France ce marché pèse 1 milliard d’euros(1). À l’échelle internationale, il croit 24 fois plus rapidement que le retail classique(2).


Avec le temps je me suis prise d’une réelle passion pour le chinage. Quel plaisir de trouver des pièces uniques que personne d’autre n’aura, quelle satisfaction de payer cette blouse en soie "fatto in Italia" le prix d’une ciabatta !


Pour moi, acheter des vêtements d‘occasion est la manière la plus éthique de consommer la mode. Une fourrure ou un cuir d’occasion sont toujours moins polluants (et plus beaux) qu’une fausse fourrure en plastique ou un sac en PVC neufs, n’en déplaise aux vegans. Il y a tellement de vêtements sur notre planète qu’on pourrait habiller l’humanité sans produire de nouveaux textiles.


L’avantage de la seconde main c’est aussi que tu es sûr de ne pas croiser 15 autres personnes avec le même pantalon à fleurs que toi, ton style est aussi unique que ta personne.


"That shirt's hella dope
And having the same one as six other people in this club is a hella don't."
Thrift Shop – Macklemore & Ryan Lewis

Golconde, René Magritte, 1953.


J’aime aussi imaginer l’histoire de ce vêtement : à qui appartenait-il ? Pourquoi cette personne s’en est-elle débarrassée ? Avec quoi le portait-elle ? Comment ce haut datant de 1910 et fabriqué en Vendée s’est-il retrouvé en 2019 à Lille ? Quelle est son histoire et par où est-il passé ? Quel était le caractère de l’homme ayant acheté cette cravate ? C’était sûrement un homme de goût ! Est-ce un cadeau d’une amante ? Était-il un grand séducteur ? Tant de suppositions & d’histoires à fantasmer.


J’apprécie savoir que mes vêtements ont une histoire à laquelle je participe. Que ma chemise a été fabriquée dans la campagne du Nord de l’Italie pour une riche Milanaise pendant les années 60 et que moi je parcours Paris 50 ans plus tard avec cette même chemise sur le dos. Plus intéressant qu'un t-shirt en polyamide porté 2 fois, fabriqué au Bangladesh il y a 4 mois par Youri, 12 ans et demi et désormais à la poubelle car il s'est décomposé lors de son dernier lavage.


Quand je rentre dans une fripe je n’ai jamais d’idée préconçue sur ce que je cherche ou veux. Je laisse mon esprit ouvert à la découverte, prête à profiter au maximum de l’expérience. Je me laisse porter par la découverte. C’est pour moi la meilleure façon de trouver les plus belles pièces. Les friperies sont devenues de véritables terrains de jeux où je laisse ma créativité & mon imagination s’exprimer.


Restreindre ma consommation de vêtements à la seconde main est la meilleure chose qui soit arrivée à mon style. Ma zone de confort vestimentaire s’est élargie naturellement, ma créativité a été boostée et à force d’écumer vides-dressings, salons Emmaüs & friperies tous les weekends, mon placard regorge de pièces aussi magnifiques qu’uniques.


Il est vrai, trouver la taille & la coupe qui vous va peut ne pas être évident en seconde main. Mais ne vous fiez pas à la taille inscrite sur l’étiquette, les tailles anciennes ne correspondent pas aux tailles actuelles et celles-ci varient en fonction des pays. Si ce pantalon est vraiment trop long, n’hésitez pas à aller le faire retoucher chez le couturier du quartier, il vous en coutera toujours moins qu’un neuf et il sera parfaitement ajusté à votre corps. Vous pouvez aussi vous convertir à l’upcycling, ceinturer cette robe un peu trop large avec une ceinture ou un foulard, cirer ce sac pour lui redonner du brillant, … Bref des solutions existent, plus vous allez être habitué à twister des pièces, plus cela vous sera instinctif.


* J'espère que vous appréciez la métaphore filée de la plante, je rêvais d'être fleuriste étant petite, mais étant allergique au pollen, ce glorieux avenir s'est écroulé sous mes yeux.


 

1 « Les Français de plus en plus tentés par les vêtements de seconde main », Les Echos.

2 Roxane Baché pour l’ADN.


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